À la veille des Jeux Olympiques de Paris, examinons ses ressemblances avec les Jeux créés pour la première fois à Olympie, en 776 avant l’ère commune, puis répétés tous les quatre ans pendant plus de mille ans en Grèce. Un point, en particulier, retiendra notre attention : la fameuse trêve olympique. Les combats entre les cités grecques étaient-ils vraiment suspendus? Des violations à cette trêve se produisaient-elles? Voilà donc un aperçu du déroulement de J.O., il y a 2500 ans, dans leur pays d’origine. Les chercheurs disposent de peu de témoignages écrits sur cette période. Ce sont surtout les centaines d’amphores retrouvées par les archéologues qui constituent leurs sources. Sans compter les vestiges des stades encore debout et ce qu’ils nous révèlent des épreuves qui s’y sont déroulées.
La fameuse trêve
Une fois la ville hôte choisie par le comité désigné, la trêve sacrée est annoncée dans l’ensemble du monde grec. Elle est instituée au début du mois précédant les Jeux afin d’assurer la sécurité des milliers de personnes en déplacement sur des zones de guerre. Les violations, dit-on, restent rares. Les commissaires pouvaient même exclure certaines cités pour cause de déloyauté. De lourdes amendes frappent alors les cités insoumises. Ce fut le cas pour Sparte, en pleine guerre du Péloponnèse. Contrairement à une croyance tenace, «la trêve antique n’implique absolument pas l’arrêt de toutes les guerres; ce n’est qu’un cessez-le-feu partiel» (Decker et Thuillier, 2004 dans Wikipédia). La trêve n’a donc jamais été un long fleuve tranquille. La Grèce s’est construite sur des rivalités incessantes entre ses cités. Delphes, Thèbes, Sparte, Athènes et nombre d’autres cités se sont affrontées en permanence, pendant que des despotes à l’est (la Perse) et au nord (la Macédoine) attendaient l’heure de les asservir. Réflexion : En 2024, la Chine, la Russie, ça vous dit quelque chose?
Les préparatifs des Jeux
Imaginez l’arrivée de milliers d’athlètes, de leur parenté et de leurs admirateurs! Considérez l’installation de tentes, les processions, les sacrifices d’animaux, les offrandes aux divinités et les mesures sanitaires! Bref, la pagaille.
Proche d’Olympie, le site d’Élis a longtemps servi de centre d’entraînement pour les athlètes. Un véritable village olympique. C’est là où s’installent les dignitaires et les commissaires devant superviser toutes les phases des compétitions. L’âge de chacun, le nom de son père et de sa ville d’origine, la prestation d’un serment et le rappel des consignes de ponctualité, tout est matière à vérification et à contestation. Une fois la présélection accomplie, le tirage au sort établit le couplage des sportifs. Les pots-de-vin sont refusés par les juges. Les amendes et les coups de fouet pleuvent, en cas de désobéissance des athlètes. Les commissaires n’entendent pas à rire avec les règles. Néanmoins, les tricheries, la corruption et les violences politiques sont courantes. Les femmes ne participent pas elles-mêmes aux compétitions.
Le déroulement
Les cinq disciplines officielles forment le pentathlon :
- la course à pied (sur 22 couloirs!)
- le lancer du disque
- le saut en longueur
- le lancer du javelot
- la lutte.
À quoi s’ajoutent d’autres activités, parmi lesquelles les fameuses courses de chars, les quadriges (quatre chevaux de front) qui ne font pas partie du pentathlon. D’autres épreuves déchaînent l’hystérie de la foule. Les sportifs sont souvent nus et leurs corps enduits d’huile.
Les concours artistiques comportant musique et danse n’ont jamais eu leur place, sauf en l’an 67, sous l’empereur Néron qui en était entiché (la Grèce subit alors le joug de Rome).
Durant l’Antiquité, le talent, le niveau d’entraînement, mais aussi la richesse des participants, jouent un rôle dans la sélection. Il faut dire que les courses de chars ne sont pas à la portée de toutes les bourses. D’ailleurs, de nombreux accidents de chevaux ont lieu. On raconte que la sœur d’un coursier, qui n’assistait pas elle-même à la compétition, mais qui y participait comme «sponsor», fut déclarée première femme vainqueure, à l’occasion du triomphe de son quadrige. Elle fit ériger une statue qui existe encore. (Miller, 2001, p. 90)
La violence se porte bien. «Certains athlètes au pancrace [sorte de mélange de pugilat et de lutte] ont pour spécialité de casser les doigts de leur adversaire ou de l’étrangler jusqu’à ce que mort s’ensuive (Miller, 2001, p. 99)». Mais certains gestes sont interdits, comme le fait de crever les yeux de l’adversaire. Admirez la délicatesse! De leur côté, les arbitres ne doivent pas fouetter les fautifs à la tête.
Le triomphe
Les athlètes victorieux reviennent chez eux en héros. Leurs concitoyens les portent en triomphe. Comme récompense aux épreuves individuelles, le vainqueur a reçu une palme et une bandelette sur la tête. Le prix suprême : une couronne de feuilles d’olivier sauvage.
Au début des Jeux, les juges avaient proclamé : «Si vous avez travaillé de manière à vous rendre dignes de venir à Olympie, si la mollesse et la lâcheté vous sont inconnues, allez sans crainte en avant; mais si vous n’êtes pas assez exercés, allez-vous-en où vous voudrez (Philostrate1 cité par Miller, 2001, p. 85).»
Conclusion
L’idéal olympique dans l’Antiquité était-il plus pur que celui promu par Pierre de Coubertin, lui-même contesté de nos jours? À chacun d’en juger, à partir de ce bref tour d’horizon.
Note :
- Philostrate un Hellanodice, soit un juge de jeux olympiques antiques provenant d’Élis.
Source :
Wikipédia. En ligne. «La trêve olympique», https://fr.wikipedia.org/wiki/Tr%C3%AAve_olympique
Miller, G. S. 2001. «Organisation et fonctionnement des jeux Olympiques» dans Olympie.: Cycle de huit conférences organisé au Musée du Louvre par le Service culturel du 18 janvier au 15 mars 1999, N. Himmelmann, A. Jacquemin, H. Kyrieleis et A. Pasquier (dir.), Paris : La Documentation française, p. 75-125.