Expérience de bénévolat dans les coulisses d’un festival de cinéma

Dans ma recherche de nouvelles expériences pour découvrir de nouveaux amis et élargir mes horizons, j’ai travaillé cet été comme bénévole pour le festival de cinéma Fantasia 2023 du 20 juillet au 9 août et quelle belle expérience j’ai vécue!

J’ai longtemps considéré le bénévolat avec scepticisme mais finalement ça offre plein de bénéfices gratifiants, tant sur le plan personnel que social. Maintenant que je peux mettre le besoin de gagner ma vie de côté, j’aime bien travailler (gratuitement) avec des organisations qui me font voir des aspects très différents de ce à quoi j’étais habituée dans ma vie professionnelle: les voyages avec FAM et les arts avec le festival Fantasia.

Mais revenons-en à mon expérience de cet été. D’abord pour ceux qui ne connaissent pas, depuis sa création il y a 27 ans, ce festival international de films explore les divers aspects du cinéma de genre.  Par cinéma de genre on parle des catégories ou genres spécifiques de films qui partagent des éléments stylistiques, narratifs et thématiques communs tels que l’horreur, la science-fiction, le film d’action, le film noir, le thriller, etc.  L’utilisation du cinéma de genre par les cinéastes offre aux spectateurs une façon de se plonger dans des mondes imaginaires, de repousser les limites de la réalité et d’explorer des thèmes spécifiques d’une manière unique.

Fantasia, le plus intime des grands festivals citait un article du Devoir et je confirme que ce festival a une ambiance unique.  Premièrement, les salles étaient pratiquement toujours pleines et cela fait toute une différence quand on assiste à une projection et qu’il y a du monde qui réagit.  C’est une immersion sensorielle et émotionnelle captivante dans une atmosphère chargée d’énergie collective.  On ne ressent plus vraiment ça maintenant dans nos mégas cinémas dont les salles pratiquement vides sont équipées de technologie Imax, suround sound machin avec tout le tra la la.  Comme quoi il ne faut pas seulement compter sur la technologie pour nous faire ressentir des émotions et nous étonner. 

Les amateurs de ce festival sont des passionnés.  Ma présence lors de l’ouverture de la billetterie la première journée du festival m’a permis de jaser avec nombre d’entre eux venus acheter leurs billets.  Car les vrais amateurs conservent tous leurs billets papier, c’est pour cela qu’ils font la ligne pour se les procurer.  Les fans de longue date étaient faciles à reconnaitre avec leur collection de chandail du festival qu’ils arboraient fièrement. Pour ma part, je portais le plus dignement possible mon t-shirt orange de volontaire du festival, une teinte pas dans ma palette de couleur!

Les artistes qui venaient aux représentations étaient facilement reconnaissables grâce à leur allure artistique et leurs vêtements extravagants.  Un fait cocasse : un jeune bénévole devait scanner le laisser-passer une participante qui ne portait pas de haut, seulement une veste ouverte qui laissait peu à l’imagination.  Très drôle de voir sa concentration lorsqu’il devait passer l’appareil délicatement entre ses seins pour y lire le laisser-passer qu’elle portait autour du cou … sans trop vouloir lorgner les attributs de madame.

Les bénévoles étaient une bande de joyeux lurons avec des motivations diverses.  Plusieurs étudient en cinéma à Concordia ou d’autres universités.  Ils n’en étaient pas à leur première participation à un festival de cinéma et Fantasia semble être celui qui traite le mieux ses volontaires.  Un jeune bénévole me racontait qu’il avait travaillé au TIFF.  De Toronto ? Non celui de Tromsø en Norvège! Quand on se pense unique…

Ma participation au festival m’a permis aussi de voir des films que je n’aurais probablement pas vu autrement.

What you wish for : Film noir captivant ou un chef cuisinier avec un problème de jeux fuit vers l’Amérique du Sud ou il doit prendre l’identité d’un autre et en subir les conséquences.

T Blockers : Réalisé par une jeune réalisatrice trans de 18 ans qui utilise le thème des zombies pour parler d’enjeu sociaux touchant la communauté trans.

The God of Cookery : comédie satirique qui se moque du monde de la cuisine, de la célébrité et de l’avidité.  Réalisé par Stephen Chow qui en est également l’acteur principal.

Skin Deep : Film allemand qui a gagné le prix Prix Queer Lion, Festival international du film de Venise 2023.  Représentation poétique que l’amour voit plus loin que l’apparence.

Evil Judgement : Film québécois anglophone réalisé en 1984 avec Nanette Workman parmi la distribution.  Durant la période de questions-réponses après le film, le réalisateur Claudio Castravelli a expliqué que dans ces années-là, comme il n’y avait pas d’infrastructure en cinématographie à Montréal, ils filmaient sans permis.  L’industrie du cinéma a beaucoup évoluée à Montréal depuis.

My Animal : film canadien ou le thème de la transformation du loup-garou se mêle à la réalité du passage à l’âge adulte.  Réalisé par Jacqueline Castel, une cinéaste d’origine canadienne-française.

En somme, ce fut une expérience intéressante sous bien des rapports et cela m’a permis de côtoyer le milieu des arts de l’intérieur.  Qui sait, certains des bénévoles avec qui j’ai travaillé seront peut-être les cinéastes de demain. Je leur souhaite bonne chance.