Qui n’a jamais dit: « On n’a pas vu l’été! » Oui bien sûr, ce qu’on aime trop, on ne le voit pas. C’est le paradigme, une manière de voir les choses, dirait le philosophe. Et pourtant, n’avez-vous pas marché le long de cette haie de cèdres odorante qui a procuré un bien-être à votre âme. Peut-être avez-vous remarqué ces anémones roses, mauves ou blanches, qui se balancent comme ça, au gré du vent, sans rien demander, sur le bord de la route, ou même sur le terreplein du boulevard parce que la tondeuse n’a pas passé. Vous avez pris le temps de vous pencher pour mieux les voir, parce qu’elles sont si petites, ont l’air si fragiles, que vous n’avez pas osé en cueillir, mais vous les avez saisies en photos pour les garder en mémoire. Et lors d’un matin plein soleil, vous avez atteint les limites de la beauté devant ce lac calme qui vous renvoie une image éthérée des chalets tout autour. Une vision enivrante! Et quand le soir penche, vous avez admiré vos athlètes favoris à Paris, qui vous ont rapporté des morceaux de cette magnifique tour Eiffel. Cette grande dame de fer a montré à toute la planète qu’elle est plus vivante que jamais. Elle a pu arrêter pendant quelques semaines les chicanes politiques et ses antennes ont fait rayonner la Joie de Vivre à la Française partout dans le monde.
Je présume aussi que vous avez porté vos chaises pliantes en bandoulière comme des milliers de gens heureux pour profiter d’un spectacle au grand air dans un parc près de chez vous, sur l’Esplanade du Stade Olympique, ou même parfois aussi loin que Joliette avec son fameux Amphithéâtre Fernand-Lindsay, ou encore à Québec. Et à chaque fois vous avez découvert une foule immense, des hommes, des femmes, avec de jeunes enfants, qui parlaient une langue que vous n’avez pas pu identifier. Et pourtant ces gens sont entrés en communication avec vous en français dès que vous les avez salués. Tous vos préjugés sur les « Étrangers », comme Camus les appelait, les émigrés, sont tombés si vous aviez encore un fond de ressentiment envers celui qui vient de loin.
Mais l’été c’est aussi voir vos enfants et petits-enfants devenus grands suivre vos traces dans des endroits mythiques. Votre fils qui parcourt tout le Canada atlantique jusqu’à Terre-Neuve pour célébrer sa première grande virée à moto, votre petite-fille qui explore la France, la Suisse et le Portugal, avec comme seul bagage une petite tente de fortune et un petit réchaud à gaz propane pour éviter tout hôtel ou restaurant, votre petit-fils qui parcourt le Japon dans les endroits les plus exotiques en auto-stop, votre autre fils avec son fils qui pédalent sur les plus belles routes des Alpes françaises. À voir toutes les photos qu’ils vous envoient sur vos tablettes et cellulaires, qui vous arrivent comme des mirages dans votre salon, vous avez célébré l’été par procuration. On est heureux de voir que nos voyages passés ont produit de beaux fruits mûrs chez nos enfants et petits-enfants.
C’est beaucoup de soleil, de chaleur et de transpiration pour un seul été. Si vous pensez encore que vous n’avez pas vu l’été, j’ai consulté mon almanach astronomique, et l’été finit seulement dimanche le 22 septembre à 14 h 43 cette année. C’est ce que les astronomes appellent affectueusement l’équinoxe d’automne. Alors il est encore temps d’en profiter!
C’est une route mythique pour les Tours de France, qui mesure l’endurance des coureurs. Elle a été utilisée des dizaines de fois depuis 1933. C’est bien sûr le fameux Col du Galibier dans les Alpes à 2500 mètres d’altitude, qui serpente dans les monts enneigés sur 40 km, toujours en montée avec une élévation totale de 2000 mètres. C’est la bête qu’il faut dompter, pour les coureurs. Nos deux Québécois dont je vous ai parlé tantôt, fils et petit-fils, y étaient samedi le 24 aout. Pas pour une course, bien sûr. Voici une petite vidéo sur Youtube qui nous permet d’apprécier ce fameux col sans trop se fatiguer.