J’ai pris de l’avance cette année pour reculer l’heure sur ma montre. Je fais une expérience. Je fais de la rétrogradation. Depuis 106 ans qu’on avance l’heure en Amérique, enfin on a un gouvernement qui n’a pas peur de rétrograder, pour nous donner une heure normale 12 mois par année. Les romains avaient compris. Lorsque le soleil est au plus haut point dans le ciel, eh bien on appellera cela « meridies« , qui est devenu « midi » en langue d’oïl.
Vous allez remettre vos pendules à l’heure normale dans deux jours, soit le 3 novembre. Depuis 1918 qu’on avance l’heure au printemps, et qu’on doit revenir à l’heure normale en automne en Amérique. Donc nos horloges doivent rétrograder d’une heure. Comme je vous disais au début, je recule les heures sur ma montre depuis plusieurs jours. J’ai commencé dès le 22 octobre, quand notre ministre de la Justice a lancé une consultation en ligne pour avoir notre avis sur le sujet. Je ne savais pas qu’un ministre demandait l’avis de ses sujets, mais bon, faut croire qu’il nous veut du bien parce qu’il paraîtrait que notre santé en serait améliorée. Tous mes temps libres sont consacrés à reculer les minutes, les heures, les jours, et j’en suis rendu à reculer dans les années. J’ai un peu perdu le fil des années parce que voyez-vous, ma montre n’est pas une Fitbit. Elle affiche l’heure, les minutes, et les secondes aussi. Les secondes ça sert à quoi, je me le demande encore. Est-ce que c’est juste pour nous rappeler que le temps passe vite? Quand nos gouvernements éclairés par le progrès d’après-guerre ont inventé l’heure avancée, ma maman n’en avait que faire. Elle faisait faire un tour complet à l’aiguille de son horloge coucou en faisant attention pour la remettre 5 minutes en avance pour être certaine de ne pas manquer le début des Belles Histoires des Pays d’En-Haut à la radio. Moi, pauvre héritier de son horloge coucou, le matin du 3 novembre je devrai me farcir de rétrograder au moins 33 horloges, je n’ai jamais fait le compte exact, incluant mes 6 thermostats programmables, et trouver le cahier d’instructions pour certains appareils parce que j’oublie toujours comment faire. Une heure de perdue pour gagner une heure…
La révélation: Vendredi passé le 25 octobre, nous avons pris le métro pour aller au centre-ville avec ma montre qui avait pris beaucoup de retard. Il s’est produit un curieux de phénomène. Où nous étions entrés, les modes vestimentaires avaient un air des siècles passés, genre 15e ou 16e siècles. Allez savoir pourquoi, quelqu’un avait dessiné une grande carte de l’Europe au mur, et j’ai remarqué qu’il y avait des pays indiqués sur la carte qui n’existent pas, par exemple La Flandre. Et sur un autre mur, on nous donnait le choix du thème qui nous intéresse le plus pour visiter toutes les beautés de ce pays inconnu. Il y avait quatre choix: Vice, Vertu, Désir, Folie. J’ai choisi Vice, comme beaucoup de monde, j’imagine. Sur une table il y avait un grand atlas ouvert à la page qui représentait les Amériques. Je me suis rapproché pour mieux voir les détails, surtout ma région, mon Québec. Il y avait bien le fleuve Saint-Laurent que j’ai reconnu par son embouchure, et j’ai bien vu en gros caractères NOVA FRANCIA, ce qui m’a rassuré. J’ai même réussi à lire en tout petits caractères: Hochelaga. Ah ben ça alors, c’est Montréal! Mais le fleuve finissait là, à Hochelaga, ou commençait là je devrais dire, parce que je suppose que l’eau doit couler vers la mer. Les Grands Lacs? Ils n’étaient pas là, Toronto non plus bien sûr. Avec cette carte grand-ouverte sur l’Amérique, j’avais l’assurance que ma montre maintenant très en retard m’avait amené dans une autre époque. J’avais rétrogradé rien qu’un peu!
Le hasard faisant souvent bien les choses, le soir même, ce fameux vendredi 25 octobre, la petite-fille de ma blonde s’invite à souper, comme elle fait souvent. C’est son bon repas de la semaine, qu’elle dit. Dès qu’elle arrive ce soir-là, elle nous annonce fièrement qu’elle a appris tous les noms des pays du monde et qu’elle peut les identifier sur une carte muette. Elle est pressée de nous montrer un jeu sur l’internet pour apprendre tous les noms. Alors assis tous les trois devant l’ordi on démarre: https://world-geography-games.com/fr/pays_monde.html.
Ce que je n’avais pas compris, c’était maintenant ma blonde et moi qui devions trouver les pays sur la carte à chaque nom présenté. Une espèce de test si vous voulez mon avis, pour mesurer notre degré de connaissance ou d’ignorance. Cent quatre-vingt-quinze pays! Saint-Christophe-et-Niévès, c’est un pays ça? Est-ce qu’on peut changer de jeu? Vous vous imaginez bien que les heures ont été pénibles. En bon professeur, notre chère Rachel nous a fait promettre qu’on se pratiquerait pour la prochaine fois. Mais moi, j’avais une petite surprise pour elle. La question qui tue: « Peux-tu trouver la Flandre sur la carte? » Voici à peu près ce qu’elle m’a répondu:
«Ah, la Flandre, c’est fascinant. C’est la partie flamande de la Belgique, la partie nord. Mais avant les guerres de conquêtes, c’était une région beaucoup plus grande, qui incluait une partie de la France actuelle et les Pays-Bas. Il y a encore aujourd’hui des belles villes médiévales, comme Bruges. Tu y es déjà allé?»J’avais oublié qu’elle étudie à l’université en histoire… Non, je n’y suis jamais allé! Mais je compte bien y aller un jour. Voici pour l’instant quelques images à faire rêver qui me donnent le goût de partir:
PSSST: Si vous êtes un grand voyageur, vous pouvez surement vous amuser à faire le quiz. Cliquez sur le lien inclus dans le texte, et bonne chance!