La belle grand-mère

*Image: https://science.nasa.gov/mission/voyager/where-are-voyager-1-and-voyager-2-now/

Les humains ont vécu sur leur planète pendant des centaines de milliers d’années sans savoir vraiment où ils se situaient dans l’univers qui les entoure. Les mers représentaient un obstacle infranchissable, le ciel demeurait incompréhensible à l’intelligence humaine.
Il faut parfois s’arrêter, au cours de notre courte vie, pour apprécier l’époque dans laquelle nous vivons.

Dès son plus jeune âge, l’enfant apprend, grâce à ses parents, aux livres et aux photos, à concevoir le monde dans lequel il vient de plonger. Souvent même, il a déjà voyagé en avion et vu par lui-même la grandeur des choses : la mer, Paris, New York, et quoi encore ! Il apprend facilement que notre Terre est une grosse boule dans l’espace. Tout lui devient familier par une sorte d’infusion des connaissances.

Ce n’est que depuis quelques siècles que les humains savent, grâce au travail et à la perspicacité de quelques grands découvreurs, qu’ils ont entre leurs mains les clés d’un trésor qu’ils oublient trop souvent d’ouvrir, tant ils sont plongés dans une vie mouvementée.
Vivre la vie, vite, vite, bien remplie — parce que la vie est tellement courte ! Et puis un jour, c’est fini. Adieu la vie.

Je vais dire comme Stéphane Bureau dans son émission hebdomadaire : On vit une époque formidable.

Après avoir cartographié la planète, les humains se sont tournés vers l’espace. Ils ont voulu voir toujours plus loin, avec des instruments qu’ils ont conçus — des télescopes toujours plus puissants. Ainsi, ils ont découvert d’autres planètes qui tournent autour de notre Soleil, des milliards d’étoiles, des milliards de galaxies.

Et l’exploration spatiale est devenue possible grâce à l’étroite association entre la physique et la technologie. Des humains sont allés dans l’espace, des robots ont exploré Mars. Mais tout cela, c’est tout près de chez nous — à distance de marche, si l’on peut dire, en termes astronomiques.

🧠 Concours

Deux questions :

1️⃣ Donner le nom de la sonde spatiale qui est allée le plus loin dans l’espace à ce jour.
Choix de réponses :
A) Voyager 1  B) Pioneer 11  C) Opportunity  D) Juno

2️⃣ À quelle distance de la Terre est-elle rendue présentement ?
Choix de réponses :
A) 25 000 000 km  B) 250 000 000 km  C) 2 500 000 000 km  D) 25 000 000 000 km

C’est bien ce que je pensais… J’ai entendu votre réponse en sourdine — et vous avez tout faux !

Voyager 1 a été lancée en 1977, il y a déjà 48 ans. Une génération de bambinos plus tard, elle fait encore des kilomètres sans se fatiguer, franchissant 17 kilomètres par seconde, soit plus de 60 000 km/h. Elle est actuellement à environ 25 milliards de kilomètres de la Terre (depuis octobre… oups ! aujourd’hui on est en novembre, ça a déjà changé !).

Mais pourquoi n’a-t-on pas envoyé depuis d’autres sondes du type Voyager ?
C’est une question d’alignement des planètes, qui doivent servir de tremplin gravitationnel pour propulser la sonde vers l’espace intersidéral. Sans cet alignement, elle n’aurait pas la réserve d’énergie nécessaire pour atteindre une telle vitesse et une telle distance en un temps raisonnable.
Un alignement semblable se reproduira seulement en 2150. Il faudra voir naître bien des bébés d’ici là !

En fait, deux sondes ont été envoyées à deux semaines d’intervalle : Voyager 1 et Voyager 2.
Voyager 2 a été conçue pour explorer les régions lointaines des planètes Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Et elle nous a envoyé des images — encore et encore — incroyables de ces planètes et de leurs multiples lunes. Un exploit toujours inégalé.

Imaginez un instant : l’informatique n’existait pas encore en 1977.
Et pourtant, la sonde communique toujours avec la planète qui l’a mise au monde. Et sa planète entière l’aime — comme on aime une grand-mère qui a toute sa tête… ou presque.

Mais elle est si faible qu’il faut de très grandes oreilles pour entendre sa toute petite voix : des antennes paraboliques de 70 mètres de diamètre à Goldstone (Californie), Madrid (Espagne) et Canberra (Australie).
Ainsi, on reste à l’écoute 24 heures sur 24, pendant que la Terre tourne à 1 667 km/h. On est tout ouïe, car il y a toujours des surprises, même dans ce qu’on appelle le vide de l’espace.
Parce que, finalement, l’espace n’est pas vide — vraiment pas ! Plein d’ogres méchants l’habitent, et notre grand-mère pourrait se faire bouffer tout rond n’importe quand. Jusqu’à aujourd’hui, elle a été bien chanceuse, car des épreuves, elle en a vécu.

Si vous voulez en savoir un peu plus sur les exploits de cette grand-mère courageuse, regardez la toute petite vidéo qui suit.