Le feu et l’eau
Ma planète est en feu. Ma planète est en crise. Ce qui me reste dans les poumons quand j’ai fini de lire mon journal le matin, c’est une brulure.
La fumée des incendies. Mais voilà qu’on en est rendu à l’inflammation du cerveau. « Il a été démontré que… » vous avez lu comme moi: si vous avez des symptômes de l’Alzheimer, du Parkinson, et quoi encore, c’est parce que vous respirez toute cette fumée. Mon pays qui brule, 115 000 km2 rasés depuis le début de l’été selon les dernières données qui datent du 28 juillet, 10 fois plus qu’en une décennie, plus de 10% du territoire parti en fumée, mais plus précisément en CO2 dans l’atmosphère. Et l’Inde alors? Elle ne brule pas, elle prend l’eau. J’apprends que le tiers de la superficie du pays est inondable, où vit 40% de la population, et on nous fait voir des images crève-cœur de tous ces gens qui vivent dans l’eau jusqu’aux genoux en pleine rue, comme si c’était une normalité pour ces millions d’humains. Ce pays immense sera un des plus touchés par la montée des mers. Juste quelques centimètres de plus, et c’est la catastrophe.
La sécheresse
L’Inde, qui dépasse maintenant la Chine en population, vit au quotidien tous les malheurs de la terre : inondations de plus en plus fréquentes depuis une décennie dues aux changements climatiques, sécheresses qui touchent des millions de personnes, qui entrainent des maladies et des morts par manque d’eau potable et de nourriture, canicules qui dépassent régulièrement les 45 oC, cyclones en moyenne 4,5 par an qui ne laissent rien derrière eux sauf des morts, pollution de l’air qui provoque la mort de 100 000 enfants chaque année. Et les extrêmes climatiques qui bombardent la planète maintenant vont être plus dévastateurs pour ce pays que partout ailleurs.
La bonne nouvelle
Ce grand pays (que nous n’avons jamais visité avec FAM!) avait un besoin urgent d’une bonne nouvelle. Quelque chose qui permettrait à tous les Indiens de lever les yeux vers le ciel, oublier pendant quelques heures toute leur misère. Le nouveau-né est arrivé le 23 aout au matin. Il a été baptisé Chandrayaan-3, qui signifie « Vaisseau lunaire » en sanskrit. Et son atterrisseur Vikram, qui signifie « valeur » s’est posé en douceur sur un sol très accidenté proche du pôle sud de la Lune. On sait maintenant que Pragyan, qui signifie « sagesse », le rover qui creusera des petits trous dans le sol lunaire pour y chercher des souris cachées depuis des millions d’années, a déjà fait ses premiers pas. Des centaines de millions d’Indiens ont admiré en direct sur leurs écrans les prouesses technologiques réalisées par leurs patriotes, et ont pu dire au monde entier : « R’gardez ». La fierté était tout aussi palpable dans le discours du Premier Ministre Narendra Moudi : « “C’est un jour historique pour l’Inde, pour nos scientifiques, pour nos ingénieurs, pour nos techniciens, pour nos citoyens. Nous avons réalisé un exploit extraordinaire, qui témoigne de notre volonté et de notre capacité à explorer l’espace et à contribuer à la connaissance de l’humanité.” Voici une minute à partager avec l’Inde :