Et tombent les feuilles

Nous sommes une quarantaine de marcheurs au Jardin botanique aujourd’hui, matin froid mais tellement beau. Tombe une feuille, une autre, qui rend son dernier souffle dans le vent léger. Et moi je rêve. À voir sa couleur orangée, elle était certainement en fin de vie.

Quelqu’un a déjà dit qu’à chaque feuille qui meurt, un être humain meurt aussi quelque part dans le monde. Je ne peux que penser à tous ces malheurs qui s’acharnent cette année sur les populations les plus vulnérables de la planète, les inondations, les incendies, la famine, les guerres, les réfugiés. Et à chaque automne qui vient, je me souviens de mon professeur de français, Marc qu’il s’appelait, le seul qui avait pu me faire aimer la poésie. J’avais dû reconnaitre que la poésie pouvait être presqu’aussi belle que les mathématiques, aussi importante. Seuls certains lecteurs peuvent vous toucher par leur sensibilité avec quelques strophes de poésie, et mon prof de français était de ceux-là.

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Poème de Paul Verlaine, publié en 1866, il a été assez puissant pour annoncer le débarquement des alliés en Normandie aux résistants français en 1944, soit 78 ans plus tard. C’était l’année de ma naissance, une des années les plus sombres de ma planète. Et aujourd’hui, 79 ans plus tard, je pleure pour tous ces gens innocents qui meurent encore sous les bombardements. Ce n’est pas que des chiffres au téléjournal, ce sont des âmes, des êtres aimés, des enfants.

Aujourd’hui je vous propose un voyage bien spécial, avec celui qui a été durant toutes ses années actives le plus grand défenseur de l’humanité, notre cher Hubert Reeves, parti pour l’Infini le 13 octobre dernier. Comme tous les grands de ce monde, son âme reste avec nous grâce à ses écrits, ses vidéos, ses conférences, sa personnalité. Je paraphrase ici son discours : Avec l’alignement des grandes puissances sur leurs capacités militaires, on a un sentiment d’urgence qui nous anime. Notre civilisation a un examen à passer. Notre Terre sera-t-elle une planète verte ou deviendra-t-elle une planète grise. Découvrez dans une courte vidéo qu’il a produite il y a 3 ans, sa profonde compréhension de l’univers, et donc de notre existence même sur notre petite planète appelée TERRE.