L’éclipse totale du soleil a bien eu lieu à Montréal le 8 avril dernier

Tout le monde en a déjà tellement entendu parler, que c’est tout entendu. On croirait que c’est déjà du passé. L’éclipse a bien eu lieu, tel que prédite par Tintin et ses astronomes, si on en croit les journaux, les news sur les réseaux sociaux et même le téléjournal. Des enfants sont restés en classe cachés derrière des rideaux pour être protégés des monstres qui pullulent dans notre monde. Ils pourront se reprendre pour voir la prochaine éclipse totale au Québec, a dit le Ministre de la Culture, en 2106 dans 82 ans. Et une foule compacte de plus de 100 000 voyeurs s’est agglutinée près de la Tour du Stade Olympique pour obtenir les fameuses lunettes ISO 12312-2 pour voir le soleil quand on ne le voit pas. Mais le Planétarium de Montréal avait prévu seulement 5000 personnes. Par la suite, la station de métro Viau a été prise d’assaut par une jungle de demi-voyants.

C’est ainsi que s’écrivent les histoires d’éclipses depuis la nuit des temps!

Dans une semaine, le 8 avril en après-midi, de 15 h 27 à 15 h 28, si vous restez à Montréal, le soleil se sera éclipsé, mangé probablement par un dragon plus gros encore que la lune. Heureusement, on sait par l’historique des éclipses passées que le dragon devra régurgiter le soleil parce que celui-ci lui brûle la langue tellement il est chaud. Mais comment diable des gens allumés ont pu réussir à prédire les éclipses avec autant d’exactitude depuis déjà quelques siècles? Il en a fallu des génies en herbe, des futés! Ce phénomène qui était plus étrange encore que le mystère de la Sainte Trinité a été résolu par une lecture ardue de livres écrits des siècles passés dans plusieurs pays aussi loin que la Chine, en différentes langues, pour amasser beaucoup d’histoires d’éclipses, en dégager des dates précises à partir de calendriers pas nécessairement comme le nôtre. Ils ont réussi à trouver un certain cycle, donc répétitif, et de là, à être capables de prédire les éclipses à venir. À tous les 18 ans, 11 jours et 8 heures (approximativement) l’éclipse a la même configuration mais passe 8 heures plus à l’ouest sur le globe terrestre. On appelle ces cycles des saros. Ces 8 heures plus à l’ouest correspondent à 45o de longitude plus à l’ouest si on fait le calcul. Ce qui en résulte : une éclipse totale en un lieu précis, comme Montréal est très très rare!

Et comment diable peut-on vous prédire le moment exact à la minute près et à un endroit précis des années, et même des centaines d’années à l’avance? La solution de ce problème fondamental de calcul mathématique a été résolu durant les 16e et 17e siècles, au temps des grandes découvertes astronomiques par des super bolés tels que Nicolas Copernic, Galilée, Tycho Brahe, Johannes Kepler, Isaac Newton, pour comprendre toute la mécanique céleste. Il fallait aussi des mathématiciens pour faire des calculs colossaux, sans l’usage des calculatrices scientifiques que tous nos étudiants du secondaire ont en main aujourd’hui, et des inventeurs pour construire des lunettes d’observation toujours plus performantes et des horloges toujours plus précises.

Les éclipses totales sont d’une durée plus longue et le cercle de noirceur est plus grand selon que la lune est à son périgée (le point le plus proche de la terre) ou pas. La lune a alors un diamètre apparent plus grand et cache mieux le soleil derrière elle. Pour faire une comparaison facile, c’est comme lorsque vous allez au théâtre. Si le spectateur qui est assis juste devant vous a une plus grosse tête que la moyenne normale, il vous fait de l’ombre sur une partie plus grande de la scène. Est-ce assez clair?

Tout ça pour dire que l’éclipse la plus importante de ce XXIe siècle a déjà eu lieu, et vous l’avez manquée, et je l’ai manquée aussi, parce que je ne fais pas partie des chasseurs d’éclipses qui parcourent le monde pour les attraper toutes. J’ai fait ma petite enquête, et ça s’est passé dans la ville considérée comme la plus ancienne habitée au monde, Varanasi, aussi appelée Bénarès, dans l’état de l’Uttar Pradesh sur les rives du Gange en Inde, le 22 juillet 2009. Elle a duré 6 minutes et 39 secondes et avait un diamètre (de noirceur totale) de 258 km. Tous ces gens ont admiré en plein jour un ciel étoilé comme dans une nuit sans lune! Sans faire le voyage, j’ai quand même voulu voir un peu en quelques minutes les couleurs typiques de cette ville la plus sacrée de l’Hindouisme, et en voici un aperçu :